Série de peintures : Les plis du monde

Dans cette série de peintures, l’artiste propose un espace mental, un refuge céleste embrassé par les vents, décor d’une danse dans les plis du monde. Elle drape des corps invisibles, à la fois fantômes et protecteurs, témoins d’une vie invisible, éphémère mais infiniment précieuse. Ces toiles capturent des instants furtifs où des êtres éthérés, figuratifs et disposés à l’action, sont coiffés de fleurs, de plumes et autres ornements aux origines multiples. L’artiste cherche à évoquer l’être humain sans distinction d’âge, de genre ou d’origine, embrassant ainsi l’universel. Ses œuvres invitent à s’échapper du réel pendant quelques instants tout en faisant corps avec le monde.

Le titre Les Plis du monde fait référence au livre Les formes du visible de Philippe Descola, anthropologue français. Celui-ci invite à repenser les voies de la figuration : « Figurer, écrit Descola, c’est ainsi donner à voir l’ossature ontologique du réel à laquelle chacun de nous se sera accommodé en fonction des habitudes que notre regard a prises de suivre plutôt tel ou tel pli du monde. » L’artiste s’inspire de cette idée pour plier et déplier les réalités, explorant les multiples facettes du visible et de l’invisible.

Imprégnée de l’art italien de la Renaissance et marquée par son goût pour l’ornementation des grotesques, l’artiste crée des tableaux précieux où l’image est portée par une pensée sur-réelle. Dans ses œuvres, tout se tient, mais rien ne tient sur ses pieds. Tout est sérieux, tout est cosmique. Elle mélange avec subtilité des formes recueillies au fil du temps, créant une mise en pensée suspendue à ce temps qui passe.

L’une des œuvres phares de cette série, Grenades, est une allégorie sans pieds ni visage, portant une coiffe italienne et drapée d’un tissu vietnamien. Dans ses mains, elle tient des grenades : l’une tue, l’autre nourrit. Cette dualité entre destruction et renaissance, entre cultures et symboles, traverse toute la série, reflétant la complexité et la richesse de l’existence humaine.

La musique résonne également dans ses peintures, à travers les lignes qui rythment les fonds, la danse des drapés, la vibration des couleurs et la lumière qui naît de l’obscurité. Ces éléments créent une harmonie visuelle qui transcende les frontières du réel, invitant le spectateur à une expérience sensorielle et contemplative.

Les influences de l’artiste sont nombreuses, nourries par des expériences de vie et des rencontres avec d’autres cultures. Ces diversités, qui imprègnent son travail, sont un rappel constant de la richesse du monde face à une tendance contemporaine à l’uniformisation. Les plis du monde est une célébration de cette pluralité, une invitation à embrasser les différences et à trouver, dans les plis du réel, une beauté universelle et intemporelle.

Chaque toile est une pause, un instant suspendu où le temps semble s’arrêter, où l’on peut, l’espace d’un regard, faire corps avec le monde.